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Oh my Gode! Dykes on my TV!
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15 avril 2007

Conclusion

/.../


Beaucoup de reproches peuvent être faits à la série quant aux choix esthétiques qu'ont fait ses créatrices en optant pour des héroïnes exclusivement lipsticks, aux plastiques répondant aux canons de beauté qu'édicte la mode actuelle. On peut déplorer qu'elles aient préféré un univers socioculturel plutôt élevé, non représentatif de la majorité des lesbiennes, qu'elles soient américaines ou européennes ou même résidantes de la cité des Anges. Certes ces lesbiennes pourraient exister, il existe certainement des lesbiennes, « tops models » de L.A. qui ont des carrières brillantes, des villas avec piscine.

En fait, peut être faut-il se dire que les lesbiennes en quête d'identification, expertes en crypto-lesbien, parviennent à dépasser une forme pour ne s'attacher qu'à un fond beaucoup plus réaliste. Cette forme, en revanche, ce parti pris esthétique était sûrement nécessaire pour séduire un plus large public, dans un univers télévisé où les séries se multiplient et disparaissent aussi vite qu'elles sont apparues si l'audience n'est pas au rendez-vous.

La série parle de lesbiennes trentenaires en quête d'amour, de reconnaissance, de tolérance, n'est ce pas le lot de beaucoup de lesbiennes et de femmes plus généralement? Elle aborde exclusivement les questions sentimentales en insistant sur les convergences avec les réalités hétéros et se fait beaucoup plus discrète sur les réalités politiques, la critique sociale et la force subversive des lesbiennes.


Au regard des travers que l'on peut trouver à la forme on peut penser de The L Word que c'est une série « de compromission », à travers laquelle on suppose une vision « light » de la vie des lesbiennes.

Après toute cette étude, néanmoins, il me reste des questions à foison, notamment une à laquelle je ne trouve pas de réponse.

La dimension politique du sexe de The L Word serait-elle comme l'image paradoxale, en filigrane, s'imprimant malgré soi dans les consciences? Ou bien n'est elle perceptible qu'au travers d’un filtre qui nécessite un véritable questionnement personnel quant aux genres et au « sexe politique ». Car finalement, n’est-ce pas dans la représentation de la sexualité lesbienne, que donne The L Word, que l’on trouve le moins de compromission ?

N’est-ce pas subversif de montrer la jouissance de ces femmes, complètement indépendantes de la présence des hommes ? En effet, à l’instar de ce que Jenny dit à propos d’un écrit de Hunter[1] : “Your main character, Jasmine, she, like, opens up Madelaine's world by giving her the best fucking orgasm she's ever had which, I don't know if you know this, is the primary sex act that two women can actually have! And then you go ahead, and you belittle it by turning it into pornography, and I think that the reason why you're doing this is because men can't handle it the fact that these women can have this amazing, fucking, beautiful, mind-blowing orgasm, without a fucking cock!” [2], l’idée qu’une femme puisse se passer d’un homme pour atteindre le plaisir, n’est-ce pas une idée qui surprend et provoque, encore?

La sexualité ne peut-elle pas être considérée dans The L Word, comme vecteur d’un discours politique lesbien, un discours antisexiste, en faveur de la liberté d’expression ?


Je suppose que l'on peut, également accorder à The L Word le mérite d'être la première série consacrée aux lesbiennes, que sa bonne facture (bonne qualité d'image, de personnages, de dialogues, de montage et de bande son) ouvrira enfin une brèche tant attendue pour la présence de lesbiennes en télévision.

L'impact positif pour l’image des lesbiennes comme personnes « intégrées » dans la société hétérosexuelle, que la série semble véhiculer ne peut que servir la visibilité lesbienne.

/.../

Pour ce qui est de ces retombées, le plus sain à attendre n'est pas justement que l'orientation sexuelle des personnages d'une série ne soit plus qu'un élément constitutif parmi d'autres. A quand l'héroïne d'une série populaire, commissaire de police, par ailleurs lesbienne? A quand une Julie Lescaut lesbienne, militant dans une association ou adepte du queer?

 


 

[1] Episode 2.07 Luminous

[2] Trad : « Jasmine, ton personnage principal a ouvert une toute nouvelle perspective dans l'univers de Madeleine en lui donnant le plus fantastique orgasme de sa vie. Or, je ne sais pas si tu le sais, mais c'est ce qui constitue le fondement même de la sexualité entre deux femmes [la capacité de se donner des orgasmes fabuleux]. Et toi tu minimises la portée de cette scène en en faisant de la pornographie. Et je crois que la raison pour laquelle tu fais ça c'est que comme tous les hommes tu ne peux supporter le fait que ces femmes sont capables d'avoir des orgasmes incroyables et merveilleux sans l'aide d'une putain de bite ! »

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