Sexe Social - Fuck ton genre!
Le genre fait référence aux différences sociales entre les
femmes et les hommes ; elles sont acquises, et peuvent présenter des
variations tant à l'intérieur des cultures qu'entre elles. C'est
en quelque sorte l'identité sexuée sociale, il est souvent défini comme
psychique, comme étant l'ensemble de traits, de comportement, de sentiments
intimes, d'affinités pour certaines choses qui caractérisent une personne et
participent à ce qui fait dire que cette personne se sent plus ou moins homme
ou femme.
En fait, le genre social ou sexe social est la dimension de l’identité construite par l'environnement social des individus, c'est-à-dire la « masculinité » ou la « féminité », que l'on peut considérer non pas comme des données « naturelles », mais comme le résultat de mécanismes extrêmement forts de construction et de reproduction sociale, au travers de l'éducation.
Ces catégories sont artificiellement construites par la
société, se basant sur le sexe biologique, et visant à imposer aux individus
une éducation, un rôle social, des codes vestimentaires et un état civil (Monsieur
ou Madame, prénom « garçon » ou « fille », numéro de
Sécurité Sociale en 1 ou 2, mention du sexe sur la Carte Nationale
d'Identité, etc.) différents selon que l'on soit né-e avec un pénis ou née avec
un vagin.
Le genre d’une personne est donc, en somme, ce que la société ou la culture attend de nous selon que nous soyons de sexe biologique homme ou femme. « Le genre est l'organisation sociale de la différence sexuelle. Il ne reflète pas la réalité biologique première, mais il construit le sens de cette réalité »[1]
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La construction sociale du genre se fait dès la naissance, et « avant même, en raison de la pratique de l'échographie qui se répand et permet aux gens de décorer la chambre du fœtus et de lui parler au féminin ou au masculin alors qu'il a à peine la taille d'un rat. »[3]
Inconsciemment, l'adulte de par sa construction sociale intégrée va se comporter différemment avec l'enfant selon qu'il est de sexe biologique féminin ou masculin, et ainsi parce qu'on lui prête comme naturels des fonctions, attributions, sentiments, rôles, etc. qui en fait ne le sont pas, on va construire l'enfant selon l'orientation d'un naturel inexistant.
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Il existe de nombreux clichés quant au désir de plaire, la
propreté, la douceur… des petites filles, ou la vivacité, l’agressivité, la
débrouillardise… des petits garçons. En
fait, Irène Lézine dans son ouvrage sur le développement psychologique de la
première enfance[5] met en évidence qu'une petite fille turbulente, très agitée
et énergique, se transforme en petite fille inhibée et maniaque sous
l'influence de la colère de sa mère lui refusant un comportement peu digne
d’une fille à ses yeux. La petite fille comprend alors ce qu'on attend d'elle
et se replie donc sur des activités plus calmes qui, si elles canalisent son
énergie, ne parviennent pas à la libérer d'un état anxieux aigu, que l'enfant
va tenter de contenir en se construisant des rituels rassurants.
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Et combien de petits garçons subissent une répression similaire afin de leur apprendre le contrôle des sentiments (« un petit garçon ne pleure pas »), la domination que conférerait leur statut biologique (« ne te laisse pas faire »). C’est ainsi que dès ses premiers pas dans la vie, l’enfant est guidé vers les valeurs dominantes de son sexe biologique, et que l’intégration des stéréotypes masculins et féminins se fait.
Que ce soit au sein de la famille, à la crèche, à l'école, par
les jouets, les histoires, les couleurs de vêtements, le langage, l'éducation
seront vecteurs de valeurs dont la spécificité sexuelle est extrêmement
marquée.
[1]
SCOTT, (J.
W.), La citoyenne paradoxale : les féministes françaises et les droits
de l'homme, Paris, Albin Michel, 1998, 286 p. (traduction française de
Only Paradoxes to Offer. French Feminists and the Rights of
Man, Harvard University Press, 1996,
229 p.).
[2] FAUSTO-STERLING, (A), 2000, Sexing the body : gender
politics and the construction of sexuality,New York, Basic Books, 488 p, p.3.
[3]
GUILBERT,
(G-C), 2004, C'est
pour un garçon ou pour une fille? La dictature du Genre, Autrement,
Frontières, Paris, 117 p., p.13.
[4]
PIROULI, Construction des genres et domination masculine
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[5] LEZINE, (I), 1971, Le développement psychologique de la première enfance, PUF éd., Paris, 1965, 162 p.