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Oh my Gode! Dykes on my TV!
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14 avril 2007

La série-télé : quand le genre mineur prend du galon

Les séries télés se sont vite installées sur nos écrans tricolores, elles furent pour la plus grande majorité, dès les années 70, - et le sont encore - états-uniennes. Des premières séries de l'ORTF aux séries d'aujourd'hui, le genre est passé de « la popularité à l'opprobre, de l'admiration au mépris » comme le dit Martin Winckler[1].
Avant l’instauration de quotas sur le nombre minima de programmes français[2], la culture télévisée française se trouvait calquée sur la culture des Etats-Unis. Ces quotas sont établis à un seuil minimum de 40% pour les œuvres d'expression originale française tant sur le volume que par catégories d'émissions, soit 40% de longs métrages, 40% de fictions télé et 40% de la programmation destinée à l'heure de grande écoute.
Les premières séries et feuilletons pour lesquels  la France s’est montré prolixe ont toujours été policières. Maigret[3],Les 5 dernières minutes[4], avant Navarro[5], Julie Lescaut[6] et consorts se sont frottés aux Drôles de Dames[7], à Magnum[8], Chips[9], Les Rues de San Francisco[10], Columbo[11], etc…
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Évidemment, ce n'est pas au cours de ces sagas, aux ressorts ancestraux que des débats de société sont clairement abordés, ce n'est pas le lieu. Pourtant, il est à noter et à saluer la saga de l’été de France 2, cuvée 2005, 3 femmes un soir d’été[16], abordant la transsexualité d’une de ses héroïnes qui fut d’abord un héros violé par ses équipiers de rugby en pays gersois ! On ne peut pas non plus oublier de citer Une famille formidable[17], saga à succès durant plusieurs années qui suit l’évolution d’une famille dont le fils est homosexuel. Fils que l’on a accompagné dans sa découverte de l’homosexualité, de son coming-out* pour le suivre dans sa vie d’adulte.

La série télévisée est un genre télévisuel du domaine de la fiction, proche du feuilleton, mais qui en diffère par quelques points. En effet, la série n’est pas une histoire découpée en épisodes. La série a pour principe de base de produire à chaque épisode une histoire compréhensible par elle-même.
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La série télévisée prend de plus en plus de place sur nos écrans comme genre de fiction, parce qu'elle permet deux choses : d'une part, une accroche possible à n'importe quel épisode, d'autre part, une mise en suspens d'une trame longue qui incite le téléspectateur à revenir voir la suite. Un épisode seul peut remplacer un téléfilm court de série B, la série dans son entier permet aux spectateurs d'avoir des héros qu'ils retrouvent et de participer à un monde en évolution.

De Dynastie[20] à Six Feet Under[21], tous les publics ont leur série culte, toutes les classes d'âge, de sexe et sociales sont ciblées. « La relation que les téléspectateurs entretiennent avec le petit écran est faite d'habitudes, de rituels, de régularité. Le feuilleton et la série permettent de jalonner la journée ou la semaine d'une suite de rendez-vous réguliers avec le public et d'introduire ainsi un ordre dans le flux télévisuel. »[22]

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Les critiques de ce genre de divertissement soulignent que la série TV n'est qu'un moyen de plus d'asservir le citoyen lambda. L'objectif étant de le « scotcher » devant son téléviseur par des moyens déloyaux : l'accroche scénaristique et l'histoire sans fin grâce aux techniques modernes de réalisation. Les séries télévisées comportent des séquences à fort suspense permettant d'insérer une publicité qui sera regardée par le spectateur sous dépendance télévisuelle (ou TV-addict en anglais), car il ne veut pour rien au monde rater la reprise de l'épisode et le dénouement du suspense. Pour ce faire tous les moyens sont bons et souvent les séries se munissent de plusieurs ingrédients (humour, amour, intrigue, complot, trahison, onirisme, beauté, argent, « monde parfait », drames, etc.) pour fidéliser leur public.

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Il est intéressant de s'interroger sur les raisons de la domination du genre par les Etats-Unis, comme l'explique Martin Winckler, les séries états-uniennes « repoussent sans cesse les limites du genre. Parce qu’elles sont faites par des personnes qui ont grandi avec la télé et qui sont fières d’y travailler car - grand avantage aux États-Unis - celle-ci n’est pas considérée comme un art mineur. Elles ont vu les séries d’il y a vingt ans, les ont aimées et veulent faire mieux. Et on leur en donne les moyens ! Parce qu’il faut que le public regarde.» [45]

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C'est pour toutes ces raisons que le public adepte de fictions se tourne naturellement vers le câble et les chaînes à péage, plus audacieux et moins censeurs. D'ailleurs, concernant les programmes gays, il est évident que Canal + a ouvert la voie (dès juin 1995, avec sa Nuit Gay les veilles de Gay Pride), permettant ainsi à une chaîne comme Pink TV de voir le jour, car les éventuels partenaires financiers n'ont pu que constater l'audience des programmes gays diffusés sur Canal. Ce n'est pas pour rien que ce sont ces deux chaînes qui, en parallèle, diffusent The L Word dès juin 2005.


 

[1] WINCKLER, (M), 2005, Séries télé, Paris, Librio, Repères, 125 p., p10.

[2] Aux termes de l'article 27 de la loi du 30 septembre 1986 modifiée et des articles 7, 13 et 14 du décret n°90-66 modifié, les chaînes sont tenues de diffuser au moins 60 % d'œuvres cinématographiques et 60 % d'œuvres audiovisuelles européennes d'une part, au moins 40 % d'œuvres cinématographiques et 40 % d'œuvres audiovisuelles d'expression originale française d'autre part. Ces proportions doivent être atteintes tant sur l'ensemble de la diffusion qu'aux heures de grande écoute.

[3] Maigret, France, 1967-1990 & 1991 –  

[4] Les Cinq Dernières Minutes, France, 1974-1975, 1975 – 1996.

[5] Navarro, France, 1989 –  

[6] Julie Lescaut, France, 1992 –  

[7] Charlie's Angels, E-U, 1976 – 1981.

[8] Magnum P.I., E-U, 1980 – 1988.

[9] Chips, E-U, 1977 – 1983.

[10] The Streets of San Francisco, E-U, 1972 – 1977.

[11] Columbo, E-U, 1968 - 1978 & 1989 –  

[12] Les Cœurs Brûlés, France, 1992.

[13] Terre Indigo, France, 1996.

[14] Le Bleu de l’Océan, France, 2003.

[15] Le Miroir de l’Eau, France, 2004

[16] 3 Femmes un Soir d’Eté, France, 2005.

[17] Une famille formidable, France, 1992, 1994, 1996, 2000, 2002, 2006, …

[18] Buffy, the Vampire Slayer, E-U, 1996-2003.

[19] The X-Files, E-U, 1993 – 2001.

[20] Dynastie, E-U, 1981 - 1989

[21] Six Feet Under, E-U, 2001-  

[22] CHANIAC, (R), Les feuilletons et les séries, une forme privilégiée de la télévision, Cahiers du Comité d'histoire de la télévision, n°5, décembre 2001.

[23] Ally MacBeal, E-U, 1997 -2002.

[24] Bonanza, E-U, 1959 – 1973.

[25] Wild Wild West, E-U, 1965 – 1969.

[26] Star Trek, E-U, 1966 – ce jour (différentes versions)

[27] The Fugitive, E-U, 1963 - 1966

[28] The Man from U.N.C.L.E., E-U, 1964 – 1968.

[29] Mission : Impossible, E-U, 1966 – 1973.

  [30] Starsky & Huch, E-U, 1975 – 1979.

[31] Miami Vice, E-U, 1984 – 1989.

[32] Moonlighting, E-U, 1985 – 1989.

[33] Sex and the City, E-U, 1998 - 2004

[34] Emergency Room / ER, E-U, 1994 –  

[35] Queer as Folk, version G-B : 1999 – 2000 , version E-U : 2000 – …

[36] Friends, USA, 1994 – 2004.

[37] My so-called life, E-U, 1993 – 1994.

[38] Dawson's Creek, E-U, 1998 – 2003.

[39] Once and Again, E-U, 1999 – 2002.

[40] 24, E-U, 2001 – 

[41] The Sopranos, E-U, 1999 – 

[42] C.S.I.: Crime Scene Investigation, E-U, 2000 - 200...

[43] Without a Trace, E-U, 2002 - 200...

[44] Dead like me, E-U, 2003-200...

[45] WINCKLER, (M), 2005, « On est les plus mauvais d’Europe », Fiction. Regard engagé à travers la fiction sur la télé, la radio et Internet, L'Humanité, édition du 26 février 2005.

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