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Oh my Gode! Dykes on my TV!
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15 avril 2007

Hétéro-centrisme sécuritaire

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À travers le prisme de cette petite bande de copines, c’est aux relations humaines que s’intéressent les créateurs de The L Word : la fidélité, la jalousie, le désir, la maternité, le marivaudage, les difficultés de concilier vie privée et professionnelle...

 

Pour entrer dans cet univers dont le centre névralgique ne se nomme d’ailleurs autrement que The Planet, c’est un couple hétérosexuel qui va servir de guide. Tim en présentant son quartier, West Hollywood, le quartier gay de Los Angeles, en présentant ses voisines, lesbiennes, à Jenny, se fait un peu aussi le guide du spectateur. Le regard neuf et naïf de Jenny peut aussi représenter le regard que vont porter certains spectateurs sur ce monde nouveau.

 

Le recours à un couple hétérosexuel pour « ouvrir » la série ne me parait pas innocent, c’est comme passer de « voilà ce que vous connaissiez » à « voilà ce que vous allez découvrir »… Et le spectateur de découvrir un monde, des codes, une culture avec son vocabulaire, ses sous-entendus, et de découvrir aussi que ce monde n’est pas fermé aux hommes. Non, des hommes, il y en a dans la série, des hommes qui entretiennent des relations professionnelles (James, l’assistant de Bette ou Franklin son patron), ou amicales, qu’ils soient gays (Clive, l’ami de Shane, Howie, le frère de Dana) ou hétéros (Tim, Mark), ou « homme-lesbien »comme Lisa, etc.

 

Les relations entre les hommes et les femmes de la série ne sont pas marquées par des antagonismes ou conflits plus violents que les relations que l’on est habitué à voir au quotidien, ainsi le fossé lesbienne/hommes n’est pas creusé, ce qui aurait tendu à renforcer le lieu commun selon lequel les lesbiennes détestent les hommes. Les hommes ne sont juste pas les personnages principaux et c’est un phénomène qui avait disparu depuis Les Drôles de Dames des seventies et que l’on voit réapparaître depuis Sex and the City, Desperate Housewives[1] et The L Word, en ce début de millénaire. Est-ce un signe de changement ? Les femmes seraient-elles en train de tenter de s’approprier la sphère publique ?

 

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Bette et Tina sont un couple de lesbiennes qui traverse le critique cap des sept ans, avec deux à trois ans de baisse de libido, un manque de communication flagrant renforcés par un hyper-activisme débordant de Bette, parfaite « executive woman », exacerbé par l'apathie de Tina, femme au foyer en situation de pré-maternité ! Elles ont décidé dans ce moment de crise de transformer leur entité de couple en une entité famille avec la conception d'un enfant.

 

En fait on pourrait remplacer les prénoms de Bette et Tina par Robert et Roger ou Josiane et Roger, la problématique de l'érosion du couple n'a rien de typiquement lesbien. En effet, le couple-phare de la série a un mode de vie parfaitement intégré à l'hétérosocialité dans lequel il s'inscrit. Bette et Tina sont life-partners*, vivent ensemble et projettent d'avoir un enfant qui viendrait cimenter un couple grignoté par le quotidien. Chacun des téléspectateurs peut y retrouver du « connu ».

 

En montrant des couples de lesbiennes avec leurs préoccupations, leurs problèmes et leurs rêves, The L Word tend à confirmer aux yeux des téléspectateurs que nous sommes tous pareils, que nous aspirons aux mêmes choses... Dans ce sens, on peut dire que The L Word s'inscrit donc dans l'héritage du militantisme mixte des années 1980, qui, de culture identitaire draine des revendications égalitaristes fortes. Pour autant, on y trouve d'autres influences, notamment féministes et c'est ce que l'on verra dans le chapitre abordant la politique (SM = Soft Militantisme).

 

/.../
 

 

On peut imaginer aisément que le parti pris de la production d'avoir mis au premier plan des histoires universelles plantées dans un décor hétérosocial était le moyen le plus doux d'amener un public à entrer peu à peu dans des réflexions plus militantes, disséminées au fil des épisodes comme par doses homéopathiques…

 

Le spectateur lambda ainsi rassuré d'entrer dans un univers qui ne lui est pas inconnu serait il alors plus enclin à se pencher sur des problématiques notamment liées à l'homosexualité (mais ce n'est pas tout) et à découvrir par petites touches un monde assorti de sa culture ?

 


 

 

[1] Desperate Housewives, E-U, 2004 - 200...

 

 

[2] Ibidem.

 

 

[3] GLAAD : Gay & Lesbian Alliance Against Defamation / Alliance Américaine des Gays et Lesbiennes contre

la Discrimination

 

 

[4] Leur monde à Elles, par Carole Potvin, Fugues.com, 20-07-2005

 

 

[5] Ibidem.

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